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Nous voici déjà – ou enfin ? - en période de vacances ! Après ces derniers mois chargés, et à l’approche des congés du mois d’août, nous pensons avec plaisir aux repas en terrasse qui sentent bon les vacances, entre amis ou en famille. Mais avez-vous réalisé que les restaurants ont beaucoup de choses à nous apprendre quant à la stratégie du cabinet, la structuration de son offre, la présentation de celle-ci ?
Si vous n’avez pas peur de gâcher votre plaisir du restaurant, ou si vous voulez profiter des repas de vacances pour trouver l’inspiration, lisez les quelques lignes qui suivent !
Je me souviens d’une expérience particulière qui résonne dans mon activité d’aujourd’hui. Sur le conseil d’amis -ce fameux bouche-à-oreille- nous avions atterri, plutôt affamés, dans un restaurant de Corrèze fort isolé, plutôt mal indiqué, à la décoration sans surprise, mais revendiquant le statut de « ferme-auberge » que je ne connaissais pas.
Un peu de monde mais peu de bruit, parfait pour passer un bon moment tranquille. Une fois assis, nous voilà directement servis. Surprise ! Pas de carte - pas de choix - tout juste un ‘bonjour’ rapide par… le chef lui-même ! Visiblement compétent, certes, mais pas plus accueillant que ça. Entrée, pain en abondance et pichet de vin servi d’office, soupe, puis poisson, viande, tourte, salade, fromage sélectionnés et chariot de desserts... les plats défilent. Le tout avec de la qualité et un service efficace mais minimal, sans échange, sans écoute de nos attentes. Amusés par la tournure des événements, nous nous laissons faire, craignant juste l’addition dont nous n’avions aucune idée. Celle-ci est calculée sous nos yeux, en fonction de notre consommation ! Heureusement, nous avions été raisonnables. Nous sommes repartis intéressés de cette expérience nouvelle, mais pas convaincus du principe… D’autant que j’aurais bien émis une demande particulière – reprendre une assiette de fromages locaux – mais l’écoute n’y était pas, et je n’ai pas insisté ! Et sans connaître clairement son prix, l’aurais-je demandée ?
A y repenser, j’y trouve d’étonnantes ressemblances avec certains cabinets que je rencontre. Une prestation de qualité mais stéréotypée, pas de menu, pas de tarif, un service sans réelle écoute… Pourtant, il faut parfois peu de choses pour sublimer l’expérience vécue par le client !
Si le cabinet était un restaurant…
Nous le savons, la Profession a l’avantage de devoir répondre à des obligations et des besoins ‘vitaux’ de l’entreprise et de son dirigeant. Un peu comme les restaurants. Mais ceux-ci nous proposent en plus (ou essayent) de transformer en plaisir notre nécessité de s’alimenter. Et sur un marché aussi concurrencé que la restauration, si certains débordent d’imagination pour nous étonner, la majorité travaille consciencieusement les fondamentaux : le choix d’une stratégie, d’un positionnement, la proposition d’une carte, la lisibilité des tarifs, un sens de l’accueil un tant soit peu travaillé… sans quoi, pas de client, et pas de fidélisation !
Ce n’est pas encore le cas de tous les cabinets, n’est-ce pas ?
Certains cabinets seraient même… de drôles de restaurant. Vous entrez dans le restaurant « Chez PAUL –Expert bon’table». Pas très bien indiqué, d’ailleurs, mais le bouche-à-oreille vous a facilité la tâche en vous donnant sa situation précise. Par contre, vous n’avez pas trop idée des spécialités de la maison… elles ne sont pas mises en avant ! Une fois à table, c’est le chef de cuisine lui-même qui vous aborde… et sans carte, sans menu dans les mains ! Vous prenez ce que l’on vous propose, à savoir l’éternel plat du jour « un bon bilan, Monsieur, à point ». Vous aimeriez bien l’agrémenter d’une entrée, d’un dessert, mais on n’ose visiblement pas vous proposer d’autres plats… Y en a-t-il, seulement ?
En fin de repas, vous découvrez le vrai prix. Oui, c’est vrai, le chef de cuisine vous avait annoncé un montant à la prise de commande. « Mais la cuisson a été plus longue que prévu, vous avez pris deux fois du pain, vous avez demandé deux légumes au lieu d’un, et vous avez mangé lentement… alors qu’à cette heure, les cuisiniers doivent partir ». Votre prix a donc été ajusté, vous explique-t-on ! Vous finissez ainsi par payer le prix du menu gourmet, alors que vous avez consommé le repas standard. Si vous aviez su… Mais, arrangeant malgré tout – et il est vraiment l’heure de fermer – le chef de cuisine réduit la note, en vous offrant le café.
Et encore, vous avez de la chance, vous n’êtes pas venu en « haute saison fiscale », pendant laquelle les horaires d’ouverture sont parfois réduits. C’est la période où le chef de cuisine s’applique à discuter une heure avec tous ses clients – notamment les habitués -, les cuisiniers sont débordés, vos attentes spécifiques repoussées à un autre jour, plus calme… voire même pas du tout entendues.
Drôle de restaurant ! Heureusement, tout cela est exagéré, n’est-ce pas ? Et pourtant…
Quelle cuisine proposez-vous ? Quelles sont vos spécialités ?
Des restaurants, il y en a beaucoup. Certains ont de très belles devantures, travaillées, appétissantes, et ils font parler d’eux. On y va « parce que ce n’est pas loin », par réputation, ou par bouche-à-oreille, mais on a toujours une idée de la cuisine proposée. On peut aussi les chercher dans de nombreux guides, dont certains sont célèbres et distribués dans nos librairies de quartier ou en grande surface.
Et s’il le faut, on peut même chercher et trouver une table sur Internet, par type de restauration, par lieu, avec un commentaire sur le cadre et les plats… Ce n’est pas encore dans les habitudes de tout le monde, mais c’est une tendance croissante. Vous connaissez sans doute :
http://www.le-bouche-a-oreille.com/ au nom révélateur,
http://www.sortirauresto.com/ pour les parisiens,
http://www.lafourchette.com/, un des plus visités,
http://www.kelrestaurant.com/, http://www.selectionrestaurant.com/
... Et tant d’autres.
Des cabinets, il y en aussi beaucoup. Comment le choisit-on ? Dans le fond, il n’y a apparemment pas grand-chose qui les différencie du voisin. L’image du cabinet est généralement bonne, portée par la qualité perçue marque ‘Expert Comptable’, la qualité relationnelle de l’Expert lui-même (ce fameux intuitu personae) et celle des collaborateurs. Mais ce sujet est aussi vaste qu’une brasserie Maitre Kanter sur 5 étages à Paris, nous ne nous y attarderons pas ici.
Rares sont les clients qui sont capables de citer les spécificités réelles et les diverses prestations de leur cabinet, en dehors des missions traditionnelles. Rares sont les sites internet de cabinets qui permettent une réelle lecture claire du positionnement (et beaucoup se ressemblent trop !). La signalétique extérieure se développe, mais n’est pas encore généralisée, et est rarement osée ou originale… Et contrairement à la restauration, les flyers distribués sur nos pare-brises ou à la sortie du métro sont, malgré l’inquiétude de certains depuis les dernières décisions concernant le démarchage, des pratiques ni adaptées ni courantes.
Alors, pourquoi vient-on chez vous ?
Le bouche-à-oreille fonctionne, certes, mais est-il réellement entretenu ? Vos spécificités, votre positionnement est-il connu ? Vos spécialités sont-elles identifiées et réellement lisibles pour le client ? Votre cadre, accueillant et original ? Dans un marché de plus en plus concurrencé sur les « plat-du-jour » classiques, il va falloir trouver des vecteurs pour se faire connaitre, pour attirer, et pour fidéliser.
Partie 1 - Vous n’avez pas de carte ?
Pour les restaurateurs, ce sont des évidences : pas de carte à présenter, pas de consommation ! Un plat qui n’est pas listé ne sera pas acheté. Et il faut de plus qu’il y ait un prix, bien sûr. Vous commandez souvent un plat sans en connaitre le prix, vous ? Enfin, il faut un minimum de choix : une carte à deux, trois, quatre plats, c’est un peu léger !
Mais au-delà des plats à la carte, ce sont les menus qui permettent le mieux de mettre en valeur l’offre. Ils présentent les combinaisons possibles de plats pour faire un repas conforme à nos attentes. Ils assurent le plaisir du choix, et rendent lisibles les économies induites pour le consommateur. C’est tout l’intérêt d’une tarification bien étudiée, un grand classique qui fonctionne très bien : le tarif d’un menu est inférieur à la somme des plats qui le composent. Et ce calcul, nous le faisons presque tous, même sans nous en rendre vraiment compte. On aime se sentir gagnant… même en achetant un entrée-plat ou un entrée-plat-dessert !
Et mieux encore : qui discute le tarif affiché des plats et des menus ?
La carte est donc stratégique pour le confort du client… et pour le chiffre d’affaires du restaurant. Elle permet aux pressés de choisir et d’avaler rapidement leur plat-du-jour-café, mais sait aussi aider -sans vente forcée- les plus affamés et les plus gourmands à se laisser tenter par des formules plus complètes.
Dans les cabinets, elle apporte les mêmes bénéfices. Mais c’est là que le bât blesse. On ne voit quasiment aucun cabinet capable de présenter une carte ! La plaquette du cabinet, aussi belle soit-elle, ne correspond souvent qu’à la présentation du restaurant, et non pas celle des plats. Certaines précisent « Expertise – Conseil – CAC – Social… ». Avez-vous déjà vu un restaurant sérieux proposer une carte d’une seule page sur laquelle figurent « Entrées – grillades – poissons – desserts – salades -… » sans détailler aucun plat ni tarif ?
Les cabinets ne sont pas des restaurants, me direz-vous. Certes. Mais l’absence de lisibilité de l’offre est tout de même déconcertante. Bon nombre de collaborateurs ne savent pas eux-mêmes les différents plats proposés par leur cabinet !
Si elle semble ainsi incontournable, la construction d’une carte de restaurant n’est pas simple pour autant. Sauf peut-être quelques exceptions pour confirmer la règle, à l’instar des cartes de restaurant japonais. Toutes les mêmes ! Si ce n’est que le nom du plat change d’une adresse à l’autre : le « menu M1 » chez l’un, c’est le « menu B » chez l’autre… Et parce que votre japonais se limite à « sushi » ou « sashimi », parce que le français du serveur est parfois tout aussi limité, le menu est heureusement… agrémenté de photos !
La construction de la carte d’un cabinet, elle, est indispensable. Elle doit être réfléchie et répondre à certaines règles identifiées. En voici quelques-unes :
1 – Mélanger les approches de présentation.
Nous l’avons dit, la carte cadre les envies du client tout en lui offrant plusieurs degrés de liberté. Les techniques de conjugaison des plats sont bien connues des restaurateurs, depuis le fast-food aux grandes tables.
- Formule rapide « plat du jour » pour les économes ou les pressés – j’ai juste besoin de manger, le strict nécessaire au meilleur prix, je n’ai pas trop le temps (ou pas trop envie) de discuter. Sans doute la bonne façon de présenter à terme, sous forme de produit d’appel, certaines prestations de base du cabinet. La tenue et la production du bilan se présentent bien dans cette formule. En mettant, en option, des prestations complémentaires, essentielles et attractives, comme une situation intermédiaire, un ou deux entretiens en cours d’année avec l’Expert, un arbitrage primes/rémunération… qui se voient ainsi revalorisés.
- Menu plat-dessert ou entrée-plat-dessert pour ceux qui en veulent plus que le strict minimum, qui ont le temps ou le besoin de parler, d’échanger… C’est sans doute le cadre d’expression le plus adapté pour les offres combinant des prestations traditionnelles et certaines missions importantes dans le domaine de la gestion, de la protection sociale, d’audit des obligations, etc... Il est de plus possible de créer des menus spécifiques : « créateur d’entreprise », « développeur », « valorisation et transmission d’entreprise »... Ils ne sont pas différenciants – tout comme le menu enfant (équilibré et agrémenté de son jouet ou bonbon) que l’on rencontre dans bon nombre de restaurants, mais nécessaires parce qu’ils correspondent à des situations courantes dans lesquelles les clients s’identifient aisément.
- Menu dégustation, menu gourmet pour ceux qui ont plus de moyens et des envies haut de gamme. Ce format de présentation convient bien à des missions plus pointues, centrées autour de transformations profondes de l’entreprise (fusion-acquisitions, évaluations et préparations de transmissions complexes) ou de l’accompagnement plus personnalisé du dirigeant ou du comité de direction.
- Menu « buffet à volonté » ou « tout compris » pour ceux qui souhaitent, avec un budget défini, pouvoir goûter et doser leur consommation de plusieurs plats. Le mécanisme « marketing » du buffet est très intéressant et très efficace. Il donne la sensation de pouvoir disposer de tout… alors que votre estomac n’est pas extensible et vos goûts ne sont pas universels ! Les restaurateurs vous le diront, cette sensation d’abondance et de liberté, dont le tarif peut être parfois élevé, cache une réalité : la majorité consomme plutôt toujours les mêmes plats, et dans des quantités raisonnables. Mais l’attractivité et la fidélisation de ces formules sont bien réelles. C’est sur ce modèle, avec une tarification très ajustée, que se sont construits les succès de certaines chaînes pionnières comme Flunch. Les cabinets n’ont pas encore inventé la composition réelle de ce « buffet à volonté », qui pourrait contenir un crédit d’heures de conseil, un accompagnement récurrent autour de la gestion – une des demandes majeures du marché sur laquelle les concurrents se multiplient - ou de missions ponctuelles et packagées à choisir dans une liste définie…
Il est enfin possible d’affiner plus encore la carte, en jouant sur la taille des assiettes. De nombreux établissements exploitent cet axe qui simplifie la production : en entrée ou en plat, la taille de la salade niçoise n’est pas la même… Tableau de bord complet ou suivi régulier de quelques indicateurs essentiels… pourquoi ne pas proposer les deux, pour mieux répondre à la demande ?
Une bonne carte de restaurant compose ainsi avec ces divers modes de présentation. Menus, plats à la carte, formules… celle des cabinets devrait en être inspirée. Au-delà de l’objectif premier – permettre des choix en connaissance de cause, cette approche de présentation de l’offre à de nombreuses conséquences appréciables : maîtrise interne de l’offre, uniformisation du discours « commercial », modélisation de la production, meilleure structuration de la facturation…
Si la construction d’une carte n’est pas simple, l’enjeu en vaut (le dîner à) la chandelle. Par manque de lisibilité de l’offre, et à cause des discours parfois flous des experts, les clients pensent disposer du buffet, consomment allègrement… alors que le cabinet ne facture qu’une formule plat-dessert !
2 – Changer régulièrement la carte.
Quelque soit le positionnement du restaurant, la carte est un outil de mesure et d’écoute du marché. Un restaurant (sauf peut-être le très haut de gamme) ne peut se permettre de maîtriser à la perfection la réalisation d’un plat avant que celui-ci soit mis sur la carte.
Bien sûr, en ajoutant le carpaccio de saumon-avocat sur votre carte, vous savez en servir un plutôt présentable. Mais vous n’êtes pas encore le dieu du carpaccio saumon-avocat, et vous n’êtes pas même sûr que ce plat sera très demandé. Il s’agit bien d’une prise de risque, d’un investissement. C’est en le proposant sur la carte que vous pourrez mesurer l’intérêt du plat. S’il est très demandé, vous vivrez un apprentissage accéléré qui fera de vous le grand maître de ce fameux carpaccio. Vous pourrez affiner le choix et le coût de ses ingrédients, répartir le temps et les tâches de préparation entre le commis et le cuisinier pour affiner la rentabilité, embaucher un spécialiste si nécessaire, travailler la qualité de la présentation. Si ce n’est pas un succès, si ce n’est plus la tendance, la saison,... il disparaîtra de la carte. Simple, n’est-ce pas ? Pourtant, trop de cabinets cherchent à devenir des grands chefs de certaines missions de conseil, avant même de les proposer aux clients ! Cela les prive de l’écoute du marché et de la seule voie d’un apprentissage efficace.
Ainsi, la carte est un lieu d’expérimentation. Si le cabinet dispose de compétences pour proposer une mission suffisamment construite et packagée de prévoyance du dirigeant, ce n’est qu’en affichant cette spécificité, avant d’en devenir un réel spécialiste, que cette mission pourra se développer. Le procédé est progressif. Les cabinets hésitent à faire le pas… ils se trompent. Si la mission n’est pas vraiment consommée, elle finira par être enlevée de la carte. Mais avant, il y a de grandes chances qu’elle fasse envie un jour ou l’autre au client, ou corresponde à une de ses nouvelles attentes. Voire qu’elle crée le besoin : « si ce plat est sur la carte, c’est que les gens le consomment… pourquoi pas moi ? »
Ainsi, logiquement, la carte doit évoluer. Ne serait-ce que par l’évolution des besoins… et des saisons. Nous avons tous connu la mission « passage à l’euro » que certains cabinets avaient vraiment formalisée, et qui n’a plus lieu d’être. Le bilan retraite n’a-t-il pas été boosté ces dernières années par l’actualité de notre pays ? Réalisée en interne, voire sous-traitée ou effectuée en lien avec des assureurs, cette mission doit être inscrite aujourd’hui dans les menus d’un cabinet qui se dit à l’écoute du marché.
Enfin, la variation (raisonnable) de la carte, nous le savons, est génératrice de fidélité. Elle permet de réveiller des relations endormies dans la durée. Préparez-vous donc à faire votre carte…et à la remodeler bientôt !
3 – Formaliser clairement les prix.
La tarification de certains « plats de cabinet » implique une réflexion sur les montants, mais aussi sur les modes de présentation du prix. Un « bilan retraite » peut être bien cadré et donc précisément tarifé. Un « audit d’organisation » peut être lui relativement formalisé dans ses étapes, mais la durée précise de réalisation de la mission reste variable selon la taille de la structure... ainsi son prix peut l’être également. Les différentes missions du cabinet, devant afficher un tarif, feront appel au large registre des techniques du « pricing ». Si le prix d’un plat est fixe, le prix d’une mission peut être affiché sous d’autres formes : « à partir de », « entre x€ et y€ »...
Reste qu’il faut éviter autant que possible la tarification variable, et surtout celle « au temps passé ». Sur certaines cartes, on peut lire « attention, ce plat nécessite 20 minutes de préparation ». Achèteriez-vous un plat dont le prix dépend du temps de cuisson… que vous ne maîtrisez pas ? Et si le « cuistot » y passe finalement une demi-heure, allez-vous accepter de payer plus cher ?... La tarification au temps passé n’est pas bien appréhendée par le client. Si ce mode de tarification est encore couramment pratiqué pour les missions traditionnelles, toutes les missions qui le peuvent doivent afficher un prix très clair.
Quel montant pour quel plat ? Tout comme en restauration, le marché impose certains de ses prix. Les prestations de tenue, de révision, de paye sont directement concernées. Difficile de proposer un bulletin à plus de 40€ en province, à moins d’un artifice consistant à intégrer des prestations supplémentaires. Mais cela serait s’exposer au coup d’œil rapide du client qui, sans lire le détail, conclurait rapidement que « c’est cher pour un bulletin ! ». La définition des prix est plus aisée pour les prestations historiquement moins connues du client. On y trouve l’essentiel des prestations de conseil, pour lequel il existe encore peu de repères à ce jour. C’est une chance ! Il est en effet possible de construire le prix de ces missions en travaillant l’approche de la valeur ou bénéfices clients. Mais le tarif doit intégrer, en sus du temps de production, une quote-part des coûts de recherche et construction de la mission, de mise en marché, et de la compensation nécessaires de la rentabilité décroissante des missions traditionnelles.
4 – Ecouter les demandes « hors de la carte ».
N’est-il pas finalement assez courant de demander des aménagements lorsqu’une fois installés, nous passons notre commande ? Pas de graisse pour la cuisson, pas de sauce dans la salade, un légume en moins ou en plus… Il existe toujours un degré de souplesse autour de la carte qui sert de repère. Les demandes spécifiques sont parfois majeures, comme le fait de pouvoir organiser un anniversaire, avec un menu sur mesure. Les restaurateurs y sont habitués : la carte constitue l’offre la plus courante, mais cela n’empêche en rien de répondre à des demandes très particulières.
Le cabinet aura toujours des plats spéciaux qui n’apparaissent pas dans le menu. Les missions cousues-main sont courantes dans la profession. S’il y a bien un domaine ou le cabinet est avancé, c’est sans doute celui-là : la réalisation de plats spéciaux, pour lesquels la question du tarif… ne se pose plus !
Et vous ?
Cuisine traditionnelle, restaurant de chaîne, fast-food aux petits prix, pizzeria avec livraison sur site, restaurant exotique ou spécialisé, bistrot du coin que tout le monde connait dans le quartier, restaurant élitiste pour gastronomes… quel est votre identité ? Compta-drive, cuisine traditionnelle, table étoilée ? Une orientation trop marquée vous parait sans doute dangereuse, mais pour autant, un restaurant sans identification lisible n’a pas d’avenir dans un marché concurrencé. Si ce n‘est de vivoter, de capter quelques clients de passage, mais pas forcément les meilleurs… avant de fermer !
C’est certain, les cabinets qui souhaitent garder et élargir leur clientèle, développer leur renommée, figurer à terme dans le guide des « bonnes tables de l’Expertise comptable » doivent impérativement travailler leur carte.
Reste qu’il ne faut pas oublier un élément capital dans la restauration : le service ! Complément indispensable de la qualité des plats considérée comme un dû, le service fait souvent la différence. Il peut sauver des restaurants dont la carte est moyenne, et faire plonger la réputation de tables renommées. Il est aussi parfois réduit au minimum et devient un positionnement, comme le « self-service »…
Au sein du cabinet, qui présente la carte ? Qui prend les commandes ? Qui s’approche de votre table pour l’immanquable « tout se passe bien ?... » Qui gère les clients difficiles, et encaisse les règlements ? L’expert, qui est aussi responsable des menus, chefs des cuisiniers mais cuisinier de certains plats, responsable de salle, manager du restaurant,… ? Drôle de resto !
Nous en reparlerons dans la suite de cet article : Partie 2 – Mais où sont les serveurs ?
Le mot de la fin faim…
Vous le saviez, il y a de bonnes sources d’inspirations pour les cabinets dans l’observation d’autres marchés. Vous l’aurez compris, vous voici condamné à mener l’enquête cet été, et à enrichir votre stratégie à coups de virées au restaurant (pensez à conserver les tickets pour vos notes de frais !). Certains diront que tout cela n’est pas pressé, que nous autres Français, nous avons encore, malgré les récentes décisions prises par les instances européennes, deux énormes avantages :
- Notre marché est encore protégé, et notre profession est riche de valeurs,
- Les français sont les rois de la cuisine, c’est bien connu !
Gauthier ROUSSEL
Directeur Général d’Espace Innovation
[email protected]
Je me suis régalé à parcourir ce "menu" déroulant de nos soit-disantes spécificités d'expert-comptable, mais Chez Nous C'est Différent, je retiens COMMUNIQUER, TRANSPARENCE DE l'OFFRE, POSITIONNEMENT AFFIRME
Merci et Bonnes Vacances A tous
Rédigé par : Hervé MABILEAU | 21 juil 2011 à 09:42
Voila un menu tout à fait clair et pertinent.
Pour bien vendre il ne faut pas vendre ses compétences mais des offres (des menus). Ce qui n'est pas visible, palpable par le client ne sera pas acheté.
Mais la formalisation de ses compétences en un offre attrayante et vendeuse n'est pas si facile à faire....Mais ceux qui vont prendre cette voie seront les gagnants de demain.
Rédigé par : Erwan Gouez | 21 juil 2011 à 11:02
J'ai également trouvé l'analogie de la profession assez intéressante ... avec la restauration que je connais assez bien ; en fait, j'ai ressenti trois étapes :
. un étonnement enthousiaste d'abord, par rapport à cette comparaison cabinet x restaurant ;
. un scepticisme ensuite à l'adéquation des "menus" (liés à une OFFRE correspondant à une demande très ciblée) par rapport aux missions de base ... dont la demande ne me semble pas aussi facile à cibler ;
. un recul positif pour penser que le scepticisme peut être levé par une bonne réflexion et que ... LA CARTE DOIT ETRE TRAVAILLEE PAR TOUTE ENTREPRISE DE "CONSEIL".
Rédigé par : Claude-Bernard LEMASLE | 21 juil 2011 à 11:05
Du fast food aux grandes chaînes à forte image sans oublier l'élitisme de la niche du 4 étoiles....La bipolarisation est en marche forcée. Nous ne serons pas épargnés. Dans tous les cas ces restaurateurs proposent des menus ! Et nous ?...
Merci pour cette analogie forte de sens.
Rédigé par : Vandenkoornhuyse Laurent | 21 juil 2011 à 11:43
Bonjour,
Et félicitation pour l’article « drôle de resto » dont je viens de prendre connaissance. Cela rempli à la fois l’idée qu’il faut être sérieux sans se prendre au sérieux, mais qu’il faut surtout en ce moment se remuer un peu et cesser de pleurer sur des points du style « l’ouverture au démarchage ».
Moi quand je passe devant un restaurant ou il y a un sbire dehors qui me tends une carte et qui me demande si j’ai faim, je passe mon chemin.
Par contre le ptit resto très accueillant avec une déco sympa et une carte claire et du monde a table cela m’attire certainement plus que la grande brasserie a touristes !
Alors n’ayons pas peur des grands cabinets tape a l’œil ou le service peut faire défaut.
Soignons notre apparence en terme de visibilité, de locaux (on parle toujours de communication, mais faites le tour en photo des cabinets, il y a parfois de quoi pleurer) et de communication.
Annonçons aux clients les nouveaux plats et nous gagnerons en fidélité ce qui est plus fort qu’en croissance éphémère.
Regardez combien de fois par an vous allez chez Hippo (car c’est pratique et rapide mais pas top surtout au niveau du service) par rapport au ptit resto de quartier dont vous vantez les mérites à vos amis et qu’à chaque occasion vous allez y manger avec eux.
Pour notre part, il y a longtemps que nous avons aménagé nos locaux autrement qu’un cabinet X, il y a longtemps que nous avons une plaquette qui dit autre chose que « expertise, sociale, CAC…. » mais qui parle avec des exemples « vous être entreprise de maçonnerie, voilà votre problématique, voilà ce que nous savons faire » (d’ailleurs notre carte a exactement le format d’un menu de restaurant…hasard ou pas ?)
Cela fait longtemps que nous avons des grilles tarifaires et que nous adressons à nos client un guide d’accueil pour qu’ils prennent connaissance de qui est le chef et comment ça se passe en cuisine…regardez la mode actuellement c’est que le client ait une vue sur la cuisine (the Kitchen Gallery à Paris, 3 *)
Voilà, après 12 ans d’existence pour une création, nous sommes maintenant 23 personnes, 4 associés et avons multiplié notre CA par 14. Nous venons de faire une acquisition de cabinet avec rapprochement d’un autre ce qui fait que nous avons triplé notre taille avec un associé de plus….vous savez comme DUCASSE qui a des restaurant partout et qui maintient toujours son nombre inégalé d’étoile…Mais tout ceci se travaille, s’organise et se maitrise pour toujours satisfaire les clients et surtout les collaborateurs car pas de bon collaborateur, pas de bon clients…pas de bon saucier ou de bon pâtissier et pas de bon restaurant…..
Alors, à quand le guide de la calculatrice d’OR et l’attribution d’Etoile…..a défaut d’avoir une Etoile sur le Walk of Fame, on espère en avoir une dans ce guide…..
Bonnes vacances et bon ptit resto de quartier.
Eric Hainaut.
Rédigé par : Eric HAINAUT | 29 juil 2011 à 12:17
Merci Gauthier pour ce très bon article.
La comparaison avec la restauration est loin d'être ridicule.
Le restaurateur est, comme le cabinet comptable, un prestataire de service qui répond à une demande d'un client. Sauf que pour canaliser cette demande et optimiser la rentabilité de son établissement il l'a canalisée en appliquant le grand principe du marketing des services : étude des besoins du marché, positionnement, développement d'une offre et packaging de l'offre.
La visibilité d'une offre le rend nécessairement plus attractive qu'une simple évocation de notre compétence lors d'un entretien avec un client.
Il ne reste plus qu'à mettre à profit cette période estivale pour formaliser une carte pour la rentrée afin de faire saliver nos clients...
Rédigé par : Anthony LELAY | 05 août 2011 à 13:09
Nous sommes tous des entreprises ... Que ce soit les restaurateurs mais aussi nos Cabinets.
Alors attention de ne pas négliger les dégustateurs de "pizza-carafe d'eau" comme le font certains restaurateurs !!... Car un jour, ils reviennent avec un groupe d'amis ... ETC ...
Soignons notre décoration, notre emplacement et ne jamais négliger les "petits clients" traités par des "petites mains" toutes aussi négligées ! Nous devons aussi modifier notre "langue" et notre approche de TOUS.
Tout en respectant notre MÉTIER ...
C'est en oubliant ces fondamentaux que de nombreux restaurateurs ont disparu !
Rédigé par : Eric THEBAULT | 30 août 2011 à 22:17